HISTOIRE VÉCUE, UN MERVEILLEUX SOUVENIR DONT LE HÉROS EST TOUJOURS LÀ POUR MON PLUS GRAND BONHEUR......

Chassez le naturel... il revient au galop

HISTOIRE VÉCUE, UN MERVEILLEUX SOUVENIR DONT LE HÉROS EST TOUJOURS LÀ POUR MON PLUS GRAND BONHEUR......

Ecrit par l'Ordissinaute Claudlo - 1

Il est dans la vie, des êtres qui naissent avec tous les atouts.
La beauté, le charme, un sourire ravageur, l' élégance, l'entregent, l'esprit, l'intelligence et comme si cela ne suffisait pas, une modestie désarmante : La gentillesse faîte homme.
Pour compléter le tableau, un colosse massif de 1,90 m pour 100 kg.

Alors me direz-vous, cela ne peut être, ne peut exister. Je vous assure que oui, ce monsieur est au moment où j'écris ces lignes âgé de 90 ans, et toujours "bon pied bon oeil".
Nous nous sommes connus quand j'avais 40 ans et lui 50, j'étais DRH d'une filiale d'un grand groupe français et lui, directeur commercial au siège de ce groupe, leader mondial de deux produits phares ( que je ne peux dévoiler sous peine que cette multinationale française  soit immédiatement identifiée) effectif 125.000.

Sa maman anglaise et son papa français, ont fait de notre personnage, un bilingue parfait, qualité à ajouter à ses atouts.

Sa maman en référence à son pays natal, a tenu à le baptiser George-Édouard; plusieurs rois Britanniques, ayant en effet porté l'un ou l'autre de ces prénoms.

Ce personnage emblématique, a poursuivi son cursus universitaire, à l'école des hautes études commerciales de Paris fondée en 1881, la plus reconnue au monde dans sa spécificité (encore un fleuron français).
HEC permet ensuite aux diplômés, soit d'enseigner dans cette même institution, ou, de se diriger vers les très grandes écoles, l'ENA par exemple, soit d'intégrer le privé,ou le public, avec des références prestigieuses.

G.E (George-Édouard) sorti major de sa promotion n'a pas eu à rechercher un emploi : Tous les grands groupes du CAC 40 ont dépêché leurs "chasseurs de têtes" pour tenter de le récupérer.
Compte tenu des évolutions de carrière, des émoluments proposés,et surtout de la réputation du groupe évoqué plus haut, il n'a pas eu d'hésitation quant au choix final.

À 24 ans, le voila donc installé dans un "bureau  paysager" ce terme joliment bucolique cache en réalité, qu'il s'agit plus prosaïquement,d'un espace aménagé, par gain de place, et ainsi permettre à plusieurs personnes d'y travailler ensemble.
Ce confinement est la première désillusion de notre jeune prodige, qui espérait, après tout ce qu'on lui avait fait miroiter lors de son entretien d'embauche, qu'il aurait un bureau personnel.
Ensuite, planté devant un ordinateur, à l'époque énorme avec petit écran, à longueur de journée, sa fonction consiste à vérifier que les commandes, arrivant du monde entier, soient bien honorées par nos différents établissements concernés de France et d'ailleurs.
Si vous ajoutez, les appels téléphoniques incessants, et un brouhaha permanent en fond sonore, alors on comprend la déception de notre jeune major, qui aspirait légitimement à une toute autre carrière.

Après 2 ans d'office dans de telles conditions, et ne sachant combien de temps encore il "végéterait", malgré ses brillantes études, comprenant que son goût, pour le terrain avait été ignoré, il estime avoir été trompé.
Il décide d'envoyer un courrier par FAX interne au D.A.S (directeur des affaires sociales) le patron des DRH, lui rappelant ses désidérata, c'est le commercial sur le terrain qui l'intéresse, voyager et mettre en pratique ses dons naturels de communicant.
Réponse immédiate par le même canal:"Pour l'instant, il n'y a pas d'opportunité".
Ce désintérêt, cette indifférence a le pouvoir de le galvaniser.
Plutôt que d'espérer en vain, face à une telle médiocrité, c'est soulagé qu'il décide : dès le lendemain, il donnera sa démission.

Quand le hasard s'en mêle ... Ce jour là,  pour des raisons de travail, il quitte son bureau tard dans la soirée.
Il prend l'ascenseur pour se rendre au rez de chaussée, (Immeuble de treize étages) il se retrouve avec le PDG dans la même cabine, au même moment. G.E le reconnait et lui présente ses respects.
" - Vous êtes de la maison ?".
" - Oui Monsieur, mais plus pour longtemps, j'ai en effet décidé de vous quitter".
" - Pouvez-vous m'en donner les raisons ?" peu habitué à ce qu'un subordonné aussi imposant  et charmant fut-il, s'adresse à lui librement et surtout, qu'il puisse envisager de se désengager d'un groupe si prestigieux.
G.E sans complexe, tout en finesse, sans animosité, calmement, comme libéré d'un poids, lui résume son histoire depuis sa sortie d'HEC, jusqu'à aujoud'hui, et en conclusion, sa déception qu'il ne cache pas.
Le PDG l'écoute attentivement, ils se quittent sur une vigoureuse poignée de mains. Ce garçon l'a impressionné sur tous les plans, physique, charme, intelligence, calme et ambition.

Le lendemain, G.E voit arriver vers lui, la "bimbo" de l'étage, la secrétaire du service Affaires Sociales, les lèvres pulpeuses, les pas comptés au rythme d'un déhanchement calculé, une jupe moulante, le regard multidirectionnel, quand elle se déplace, elle sait qu'elle captive une attention gourmande.
Se penchant vers G.E, lui offrant généreusement la profondeur de son décolleté :"- le DAS veut vous voir, suivez-moi". Ce qu'il fait, profitant du roulis de son fondement.
Il est reçu avec empressement et déférence.
Il comprend que le PDG n'est pas étranger à ce changement de comportement.
Des bretelles ont dû être remontées.

"- Voila... nous avons une opportunité qui se présente, pour donner suite à votre demande. Un de nos commerciaux évoluant sur le plan international, fait valoir ses droits à la retraite, qui interviendra dans six mois.
Dès la semaine prochaine, vous travaillerez en binôme avec lui, jusqu'à son départ, pour vous initier à nos méthodes d'investigations et connaître nos réseaux. Libérez votre bureau dès à présent, prenez contact avec lui pour la marche à suivre. Nous espérons ainsi, répondre à vos attentes. Lui tendant la main, bonne chance, longue carrière chez nous".

En fin de journée,G.E  "fait en sorte" de prendre l'ascenseur avec le PDG.
Il lui dit simplement, " - Je ne vous décevrai pas ". Tout était dit, nul besoin de plus amples explications entre personnes intelligentes.
Il eut droit à un sourire adorablement complice.
       
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Le maître et l'élève commencent leur tournée mondiale, visitant les clients, et prospectant pour de nouveaux contrats, le charme et l'entregent de G.E font des ravages, les carnets de commandes débordent.

Dès leur premier retour à Paris, deux mois plus tard, le futur retraité, informe la Direction Générale, en réunion extraordinaire, en présence du PDG,que son élève a les capacités pour être laché seul, il n'a plus besoin de tuteur.
Il explique avec force détails, que ce jeune homme, est un surdoué commercial, il insiste même sur le fait, qu'il faudrait envisager dans l'intérêt du groupe, quand le moment sera venu, de le promouvoir au poste de Directeur Commercial.
Se priver d'un élément aussi doué, aussi brillant, serait une grave erreur.

G.E, continue de sillonner le monde avec de plus en plus de succès commerciaux, à tel point qu'incroyable mais vrai, la Cie  pour faire face à la demande, doit se résoudre, à monter une nouvelle usine, construite comme par hasard, dans mon village  ( je passerai sous silence et par pudeur le combat que j'ai du mener pour que cette usine voit le jour chez moi ) 350 emplois plus 500 induits.

A peine ses trente ans franchis, G.E est nommé  Directeur Commercial Général.
( Fait unique dans les annales de la Cie, jamais ce poste n'avait été pourvu par un collaborateur aussi jeune )
Il dispose  d'une armada de 300 agents commerciaux.
Il fait désormais partie, du conseil d'administration et participe à toutes les grandes décisions.

Ici, je dois relater, un fait qui à l'époque, nous avait interpellé, et qui interréssera le lecteur, j'en ai la conviction.
Au cours d'un congrès international qui se tenait à New York, consacré aux échanges commerciaux dans le monde, un intervenant Canadien fait une déclaration très remarquée, sous la forme d'une mise en garde.
" - Il nous arrive tous, d'inviter nos meilleurs clients, de tous les continents, à visiter nos usines sur nos territoires respectifs. Vous remarquerez, que parmi ceux venant de la zone asiatique, il y a souvent un individu, portant un costume ridicule à carreaux, qui se fait filmer tout au long des lignes de productions et particulièrement aux endroits stratégiques. Ces clowns, sont en fait des ingénieurs de haut niveau, et les carreaux de 10 cm de coté sur leurs vêtements, servent d'échelles de références, pour copier nos machines à l'identique, une fois retournés chez eux ! "
Les 2.000 participants sidérés sous le coup de la perplexité, mirent quelques secondes avant de faire une ovation à ce Monsieur.

De retour à Paris, G.E s'empresse de faire diffuser une note interne confidentielle de mise en garde, à tous nos Directeurs d'usines de par le monde.

G.E continue sans relâche, ses déplacements internationaux, son équipe qu'il manage avec pertinence, gérant au mieux les problèmes humains, a pour lui une admiration frisant l'idolâtrie.
Aussi, ce réseau,enregistre des résultats jamais égalés à ce jour.

Peu avant l'age de 55 ans, (j'en avais alors 45) G.E est venu visiter notre usine, qui avait la réputation de bénéficier d'un bon climat social.
Nous étions tous dans nos "petits souliers" envahis par le trac, mais aussi très fiers, un tel personnage, aussi puissant, une légende !  moi plus que les autres, il m'incombait en effet, de recevoir nos invités de marque, visite guidée des lignes de production, table ronde avec nos commerciaux locaux, et déjeuner.

Au restaurant, le courant passant bien entre nous, comme tous ceux qui l'avaient approché, j'étais ébloui par son charme et son charisme.
Je lui parle de ma petite famille, avec tant d'enthousiasme, qu'a un moment je me demande si, je ne suis pas un peu gonflant, d'autant que je remarque de la tristesse dans ses yeux .
Il m'avoue: " - Moi je n'ai pas ta chance, j'ai sacrifié toute ma vie à mon travail, grisé par le succès, je suis passé à coté de l'essentiel, mes amours n'étaient que passagères, sans consistance, au gré de mes déplacements, d'hôtels en hôtels, de palaces en palaces, je n'ai rien construit de personnel, d'intime, de durable, de gratifiant. Je n'ai même jamais eu de domicile fixe, c'est tout dire. Je vais te faire une révélation que tu garderas pour toi, jusqu'à ce que j'en fasse l'annonce officielle.  Je te fais confiance. Je suis fatigué Claude, j'en ai marre. Avion...Train...bateau...Taxi...Voiture...Hélico... hôtels.  Je ne sais plus qui je suis où j'habite? Quel est mon pays ? il faut absolument que je raccroche, avant d'y perdre mon âme. J'ai acheté un terrain de vingt hectares, propriété de l'état, ( objet de luttes sociales très dures en leurs temps) situé sur un ancien camp d'entraînement militaire. Où que l'on regarde, l'horizon s'offre, le rêve ! La construction de ma maison est déjà bien avancée...
J'arrête le business, mes émoluments assujettis aux résultats, font que j'ai largement de quoi vivre pour le reste de mes jours."

Une semaine plus tard, coup de tonnerre au siège de la Cie, G.E au sommet de sa gloire, c'est un homme usé et désabusé qui annonce officiellement son départ.
Qui aurait pu imaginer que cela puisse arriver si tôt, il vient juste de fêter son 55eme anniversaire.

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Nous retrouvons notre personnage, quelques mois plus tard, dans cette région désertique, sauvage, les militaires ont laissé maintes traces de leur passage.
Sa maison est définitivement aménagée, loin des paillettes et du strass, il goûte enfin, au plaisir de vivre à son rythme, sans pression.
Un petit village en bas dans la vallée, lui founit l'essentiel dont il a besoin.

Un après-midi, alors qu'il se prélasse sous sa véranda, il voit arriver à vélo, une jeune femme, les cheveux coupés à la garçonne, légèrement roux, un corps ferme, divinement féminin, sans artifice, un vent fripon soulève sa robe légère, laissant apparaitre de jolies jambes.
Arrivée à sa hauteur, elle descend de son cycle et s'approche de lui. Il remarque ses taches de rousseur, ce qui donne à ses yeux bleus une luminescense rare.
"- Je suis Odulie, j'habite le village où vous venez faire vos courses; chez nous, il n'y a pas beaucoup de débouchés, aussi, suis-je venue à tout hasard, pour savoir si, vous n'auriez pas besoin d'une aide à domicile, je peux tout faire."
"- Madame..."
"- Si vous le permettez Mademoiselle, bien qu'âgée de 35 ans, je suis célibataire. Au niveau des prétendants au mariage, là aussi il y a pénurie dans la région".
Cette jeune femme, ajoutait à sa fraîche et naturelle beauté, du caractère et une dose d'humour qui plaisait à G.E
" - Mademoiselle donc, vous me prenez au dépourvu. Je vais réfléchir à votre proposition, revenez me voir demain, je serai en mesure de vous donner une réponse."

Toute la nuit, l'image de cette femme, le tourmente, loin, très loin, de toutes celles qu'il avait connues au cours de ses déplacements, l'empêche de trouver le sommeil.
Elle a 35 ans, lui 55 que peut-il espérer ?

Le lendemain comme convenu, Odulie vient aux nouvelles.
Il la fait entrer dans le salon et dans un geste incontrôlé, stupide, sans doute dicté par ses fantasmes nocturnes, et ses facilités d'antan, la saisit par la taille, lui vole un baiser.
Elle se débat et le gifle de toutes ses forces.
Sa fureur retombée, quelques instants plus tard, se hissant sur la pointe des pieds, se pendant à son cou, lui offre le baiser le plus doux qu'il ait jamais reçu, ses lèvres ont le goût du miel et des fruits rouges.
Comme tous ceux qui ont approché ce personnage, Odulie ne fait pas exception à la règle, cédant à son irrésistible charme.
Ce jour là, cette jolie demoiselle, ne retourne pas au village, ni le lendemain, ni les jours suivants, ni jamais plus...

Voilà quelques mois, que nos deux tourtereaux, malgré leurs vingt ans d'écart, "filent" le parfait amour.
Elle l'appelle Doudou en référence à Édouard ! vous imaginez un tel personnage. "-j'ai conscience du ridicule, me confie-t-il au cours d'une de mes visites, ma maman s'en amuse beaucoup et adore cette jeune femme aussi naturelle qu'elle même est guindée style britannique..."

Un jour, Odulie propose à G.E, d'aller visiter un de ses amis qui fabrique des fromages de chèvres, que tout le village s'arrache."- Si tu aimes tu ne seras pas déçu."
Comme convenu, l'après-midi, à vingt minutes en voiture, ils arrivent à une bergerie, dans un état de délabrement frisant la ruine, là, un vieux monsieur, grand, sec, voûté, s'affaire au milieu d'un invraisemblable "bric-à-brac" d'ustensiles en métal.
Une odeur aigre de lait soulève le coeur.
" - Papé, nous voudrions goûter tes fromages."
Le vieil homme, s'essuie les mains à son tablier, les invite à le suivre.
Le trio arrive dans une espèce d'entrepôt entièrement construit en pisé aux murs très épais, il y règne une douce fraicheur.
Sur des étagères en bois, mûrissent lentement, des centaines de petits fromages ronds de chèvres.
Notre fromager, sort un canif de sa poche, en coupe un en trois, la dégustation commence : Odulie connaît, elle attend la réaction de Doudou...
"Boudiou ! ça c'est du nectar, ou je ne m'y connais pas." Notre vieil ami ne cache pas sa fierté, un Monsieur de la ville qui le complimente, c'est son bonheur du jour.

G.E se souvient que sa maman anglaise, adorait le fromage de chèvres français mais, trouvait qu'il manquait de caractère, elle y ajoutait un mélange d'épices de sa composition ( dont nous garderons le secret ) toute la famille s'en régalait.

À la grande surprise d'Odulie, G.E fait une proposition d'achat plus qu'interressante pour la fromagerie, accompagnée d'une mission bien rémunérée, prévue pour durer six mois, le temps de former son successeur.
L'affaire est conclue, régularisée par devant Notaire quelques jours plus tard.
" - Pour le stagiaire, j'ai la personne qu'il vous faut, intervient le vieux monsieur.  C'est un chevrier installé un peu plus haut dans les contreforts montagneux, là où l'herbe est la plus nourrissante et parfumée. Je vous l'envoie, faites connaissance."

Le lendemain,une personne de taille moyenne, les cheveux probablement rebelles, sont soigneusement plaqués au gel, sa tenue recherchée avait dû lui demander des efforts.
Notre couple le reçoit avec courtoisie et curiosité.
Ce candidat, d'une quarantaine d'années, est titulaire d'un BTS en électronique et robotique s'y ajoute une grande expérience en F A O (fabrication Assistée par Ordinateur)
Il lui arrive souvent d'aider notre fromager suivant les commandes et son état de santé.
G.E comprend immédiatement qu'il est l'homme de la situation, la providence est de son coté.
"- Paul, pourquoi êtes-vous venu vous perdre ici, abandonner un travail intéressant, lucratif, la ville, ses néons, sa vie trépidante, pour élever des chèvres?"

 " -  C'est une longue histoire, que je vais essayer de résumer, ma formation, mon expérience et mes qualités, m'ont tout naturellement désigné comme dépanneur international; c'est ainsi que j'ai parcouru le monde jusqu'à épuisement. Je vivais avec un garçon dont j'étais fou amoureux. Ses sens hélas ! n'ont pas résisté à mes absences, il à disparu.  J'ai tout plaqué, revêtu la tenue de berger, et me suis installé ici où j'ai trouvé la sérénité."

Cette histoire ramenait G.E à sa propre histoire.

Paul est embauché sur le champ, avec en plus, la responsabilité, compte tenu de ses acquits techniques de veiller à la mise en place, de nouvelles lignes de fabrication ultra-modernes

Ce mélange d'épices dont seul Paul détenait le secrêt, plut d'emblée et fit se multiplier les ventes
Il fallait faire face, les grandes enseignes se bousculaient au portillon, il faut concevoir un logo, commander de nouvelles machines automatiques, faire venir des chevriers de tout le pays, créer une branche annexe de camions citernes pour la collecte du lait.
La Préfecture dut s'investir, créer de nouvelles routes, ajouter des classes à l'école, les immeubles et les maisons poussaient comme des champignons pour loger le personnel qui comptait maintenant plus de 500 en effectif hommes et femmes, des commerces de toutes sortes voient le jour, multipliant les emplois induits... Ce plateau, il y a peu désertique, sauvage, devenait vivant, prospère.
Pourtant la prospection en Europe n'avait pas encore commencé... cela prenait des proportions vertigineuses, effrayantes.

Un jour G.E est dans son bureau, réfléchissant à la tournure que prenaient les événements.
Il voit venir vers lui, Odulie, le visage blême, les yeux rougis, elle s'approche, lui dit d'une voix blanche à peine audible, les lèvres frissonnantes :
" - Est-ce que à 58 ans, tu accepterais d'être PAPA ?  "
Ce Tsar, ce Négus ( le roi des rois) ce Pharaon, cet Empereur, ce Demi-Dieu, sent le sol se dérober sous ses pieds.
Il se retrouve à genoux, son visage enfoui sur le ventre de sa bien aimée, l'enlace, reste ainsi un long moment silencieux, le souffle court, le coeur battant.
Quand il lève les yeux vers elle, ils débordent de larmes, elle se laisse à son tour glisser, pour se retrouver à son niveau, serrés dans les bras l'un de l'autre, ils goûtent en silence, ce bonheur partagé, l'aboutissement d'une vie.

L'entreprise continue de prospérer, G.E débauche son ancien adjoint commercial, émoustillé par l'aventure, il le charge de créer son propre réseau afin de prospecter l'Europe.
Le succès est au rendez-vous, ce qui implique l'achat de nouvelles machines, l'embauche de personnel supplémentaire qui tourne à présent en 2 X 8 pour pouvoir honorer les commandes, la construction de maisons et ainsi de suite tout est à l'avenant.

Paul qui vit avec un nouveau compagnon, est nommé Directeur Général ce qui décharge G.E de nombreux soucis

Odulie met au monde une fille qu'elle tient à appeler Elysabeth pour rendre hommage à la maman de Doudou.

Les années passent, la petite bergerie d'origine  transformée en musée, est devenue une pieuvre tentaculaire.
Odulie en est l'actionnaire principale, G.E abandonne ses parts au profit de sa femme et de sa fille.
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Par un bel après-midi, G.E semble songeur.
"- Odulie, tu te souviens, de cette magnifique cascade jaillissant d'une source pure, alimentant un lac calme et reposant, produisant à son tour des rus, s'éparpillant dans une merveilleuse campagne fleurie.
À environ une heure de voiture, nous y avions fait du camping sauvage cela reste un beau souvenir.
Plus j'y réfléchi, et plus je suis persuadé que l'on peut faire de cet endroit paradisiaque, un Village Vacances,  assujétti d'un camping moderne. Avec une bonne publicité, vantant l'air pur qu'on y respire, cet investissement, aurait la fréquentation qui assurerait sa rentabilité."
Odulie se love contre lui et le dévore de bisous, émerveillée par la créativité sans cesse en éveil de son Doudou.
" - Doux Jésus, c'est reparti....Youppi !!! "