AUX GROTTES DE BONIFACIO (extrait de "Sur une plus haute tour". Maison Rhodanienne de Poésie 1997) par G. MANTION
La mer taurine venait à grandes eaux de mousse
râper l' orgueil nacré des murailles
et les trains des cycloïdes ressemblaient puissamment,
appesantis par leurs têtes closes,
aux rochers d'incomptables Sisyphes.
Te rappelles-tu ce jour, père? Tes lèvres
sculptaient une ébauche de sourire, lequel pourtant
écartat l' haleine des proximités vulgaires:
nous avions Ulysse à notre bord.
O conque - femme offerte à la pénétration
bleue des clapotis et des succions,
tu sonnais sur notre promenade giratoire
le scandale d' un plein surgissement d' Atlantide,
et dans nos yeux tu déposais une fulgurance
captée au plus profond de notre vie
pour évacuer sur le tard ce trop-plein d' éloignement
et nous frapper au sceau de la justice.
A Bonifacio les cornes ivres de la mer
jettent des thyrses sur mon thrène,
lavent pleurs et remords, et bousculent de leurs perles
les bulles dérisoires de mon deuil.
Brute ronde aux cheveux de soleil!