Le petit cheval, et les amis d'un poète
Le petit cheval
et les amis d'un poète.
Un p'tit cheval
Dans le mauvais temps...
Accompagné par la brave Margot,
Des filles de joie, et des pucelles,
De la belle à la robe
De pétales de rose,
Et toutes celles que tu as aimé
A travers tes chansons,
Là, elles sont toutes là...
Venant de la grand-mare des canards,
Tes copains d'abord.
La princesse et le croque-notes,
Le roi boiteux, l'auvergnat, le gitan.
Sur les bancs public, les amoureux
On leurs p'tites gueules bien tristes.
Il y a même ce cambrioleur,
Que tu gratifias d'une stance...
Mais surtout, il y a ta guitare,
Cette vieille maîtresse,
Qui semble attendre qu'une fois encore
Tu la prennes dans tes bras,
Qu'une fois encore tu la fasse vibrée
Sous tes doigts.
Ta pipe ne fumera plus.
Il pleut sur le port de Sète.
A l'heure où sonnent
Les trompettes de ta renommée,
Tous tes amis sont là pour te dire :
«Tu nous manque.»
Un p'tit cheval,
Dans le mauvais temps.
Étais-tu derrière, lui devant ?
Un p'tit cheval,
Dans le mauvais temps...
Pourtant tu disais :
«Les braves gents n'aiment pas
Qu'on suive une autre route qu'eux.»
Georges Brassens.