Nuit des mots
Dans la surchauffe de l'été
tout saturé d'ennui,
les mots s' entrechoquent
aux portes closes du sens.
Désolidarisés,
ils se résignent à n'être plus
que des coquilles flottant
dans le vide de l' espace,
ou bien se laissent déchirer
par les sautes d' humeur
d'un quotidien opaque
comme une nuée d' orage.
Amour, tendresse, amitié,
je m' agrippe au viatique
de vos syllabes usées à force
de conjurer le doute !
mais vos images pâlissantes
ont besoin du livre
des signes et des signifiés
pour ne point s' effacer.
Et les mordants tressauts
du coeur ne cessent de me dire
que je ressens trop les choses
en même temps que
je ne ressens plus rien...
et cela est ma nuit
mais c'est aussi la joie
secrète, obstinée, héroïque,
d' attendre l' inespéré,
attendre, attendre dans la nuit
que se remettent en place
les mots qui refondent la vie.
Gérard