Un destin

L'émigré

Un destin

Ecrit par l'Ordissinaute Monique Ruiz - 1

Ils arrivèrent en France avec en poche un contrat de travail établi par une propriété viticole du Languedoc.
Les enfants étaient déjà grands mais les parents ne pouvaient pas s'occuper de leurs études car ils ne savaient pas parler français et de plus ne connaissaient pas nos lois.
Ils avaient fui une Andalousie qui ne parvenait plus à les nourrir.
La famille était logée dans une petite maison d'ouvriers durant les vendanges et la récolte des abricots, ensuite ils étaient employés à l'entretien des vignobles.
Entre bienveillance des uns et méfiance ou mépris des autres, pas à pas ils ont tracé leur vie faites d'espoir et de misère, de réussite et d'erreurs de ces humbles destins.
Pedro avait 17 ans, il avait suivi sa famille dans cet exil, mais travailler la terre ce n'était pas son job, il avait déjà un métier ,il était carrossier-peintre.
Un travail acharné lui permit de se faire apprécier d'un patron, garagiste de son état, qui avait bien voulu le prendre " à l'essai". Rapidement il lui proposera un contrat en CDI et s'occupera de toutes les formalités nécessaires à cette embauche.
Grace à lui Pedro mit là, le "pied à l'étrier".
Contrairement à ses parents il demanda sa naturalisation, et quand il devint français, par décret, il avait 24 ans.
Dans la foulée il réussit à s'installer à son compte dans son propre garage, son sérieux et ses compétences étaient reconnues et malgré les écueils, il parvenait ainsi à reprendre en main le gouvernail de son destin.
C'est là, que bien des années après je l'ai rencontré, un matin de Juillet, où j'avais "pigné" l'aile de ma Honda prélude.
En un tour de main, l'aile fut "décabossé" et repeinte,mais le bel Andalou ne m'avait pas laissé indifférente ,et réciproquement, puisque quelque temps plus tard, nous sommes passé devant Monsieur le Maire.
Le destin...